• Pourquoi ? Répondre aux crises environnementales, climatiques, sanitaires, économiques et humanitaires par des approches intégrées et durables. 
• Quoi ? Les Solutions fondées sur la Nature (SfN / NbS) : protéger, gérer durablement et restaurer les écosystèmes pour relever des enjeux de société tout en préservant la biodiversité. 
• Référence : UICN (définition formalisée en 2016) et Standard mondial (2020). Reconnaissance politique par l’ONU / UNEA-5.2 (2022). 
• Comment ? 8 principes directeurs, 8 critères et 28 indicateurs pour évaluer la qualité des projets. 
• Exemple (Tunisie) : la trajectoire CAPTE — CO1, C6/Cx6 et C+216 —, citée comme bonne pratique SfN, primée au GEF et étendue à plusieurs gouvernorats via l’agroforesterie et la restauration d’écosystèmes. 

Et après ? Appel à l’action pour les OSC, décideurs, bailleurs, acteurs associatifs et jeunes afin d’intégrer les SfN dans les politiques et projets en Tunisie.

1) Face aux crises, des concepts pour repenser nos réponses

À l’ampleur des crises actuelles, des approches systémiques ont émergé : One Health (santé humaine–animale–écosystémique), Planetary Health (impacts des perturbations humaines sur les systèmes naturels et la santé), et le nexus WEFE (Eau–Énergie–Alimentation–Écosystèmes) qui rend lisibles les interdépendances critiques. Les 17 ODD de l’ONU, adoptés en 2015, portent un agenda universel pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et assurer la prospérité d’ici 2030.
C’est dans cette dynamique que s’inscrivent les Solutions fondées sur la Nature (SfN / NbS), aujourd’hui incontournables pour la transition écologique, le climat et la biodiversité.

2) Genèse et reconnaissance internationale des SfN

Le concept de SfN apparaît dès 2009 dans les discussions de la CCNUCC, entre dans le programme 2013-2016 de l’UICN, puis reçoit une définition officielle au Congrès mondial de la nature (Hawaï, 2016). L’idée centrale : agir sur les écosystèmes (naturels ou modifiés) pour répondre à des enjeux de société, de manière efficace et adaptative, tout en garantissant des co-bénéfices pour la biodiversité et le bien-être humain.
Cette reconnaissance est consolidée en 2022 lors d’UNEA-5.2, où l’ONU consacre les SfN comme un levier clé pour atteindre les ODD et faire face aux défis climatiques.

a) Objectifs et principes des SfN

Les objectifs sont clairs : sécurité alimentaire et hydrique, atténuation et adaptation climatiques, santé et réduction des risques, développement économique et social. Pour cadrer la mise en œuvre, l’UICN a formulé 8 principes qui garantissent des interventions équitables, contextualisées et efficaces :

1. Intégrer les normes de conservation ; 
2. Pouvoir se combiner à des solutions technologiques/ingénierie ; 
3. S’adapter au contexte naturel et culturel, en intégrant savoirs locaux et science ; 
4. Produire des bénéfices justes, équitables, transparents ; 
5. Maintenir la diversité biologique et culturelle ; 
6. Agir à l’échelle du paysage ; 
7. Gérer les compromis court terme/long terme ; 

S’inscrire dans les politiques et plans d’action existants.

b) Un standard mondial pour évaluer les SfN

En 2020, l’UICN publie le Standard mondial des SfN : 8 critères déclinés en 28 indicateurs permettant une auto-évaluation rigoureuse. Utilisé par les porteurs de projet, bailleurs et décideurs, il constitue un référentiel opérationnel pour mesurer pertinence, efficacité, gouvernance, co-bénéfices pour la biodiversité, viabilité et scalabilité — en évitant l’écueil du “greenwashing” et des simples “aménagements verts”.

3) Expérience de CAPTE : une trajectoire exemplaire et reconnue

Dans ce cadre, l’association Les Amis de CAPTE Tunisie (CAPTE) a engagé dès 2019 une démarche pionnière de restauration des écosystèmes par l’agroforesterie et l’agroécologie, en co-construction avec les communautés agricoles.

Entre 2019 et 2021, dans la phase 2 du PPI OSCAN (soutenu par l’UICN), CAPTE mène le projet CO1 – Corridors environnementaux autour de Oued El Tine. Objectifs :

• promouvoir des pratiques agroforestières et agroécologiques ; 
• créer des corridors écologiques avec des espèces locales résilientes au changement climatique ; 
• valoriser le caroubier pour sa résilience et sa valeur économique. 

L’approche s’aligne naturellement avec les principes SfN et fait l’objet d’une évaluation en collaboration avec le comité SfN d’UICN-Med, sur la base du Standard. Résultat : reconnaissance officielle de CO1 comme exemple de SfN, une première pour une initiative communautaire en Tunisie. En 2021, CO1 est cité dans le rapport Planning and delivering Nature-based Solutions in Mediterranean cities (réf. p. 69) comme bonne pratique, répondant simultanément à trois défis sociétaux : changement climatique, perte de biodiversité, développement économique et social.

a) Retombées et montée en échelle

Cette reconnaissance ouvre des opportunités de collaboration et positionne CAPTE dans les réseaux régionaux et internationaux. CAPTE est invitée au Congrès mondial de la nature (WCC – IUCN 2021) à Marseille pour présenter ses projets, participer à des ateliers et animer un side event sur la contribution carbone et l’agroforesterie.

Dans la foulée, CAPTE lance C6 (aussi écrit Cx6) – Corridor Caroubier CAPTE Carbone Changement Climatique : une montée en échelle inspirée de CO1, intégrant davantage d’acteurs publics et privés pour structurer la filière caroubier et dynamiser l’économie locale. Les résultats attirent l’attention de bailleurs comme le PNUD et le CGIAR via ICARDA (Tunisie). Le dispositif s’étend de 2 à 6 gouvernorats, avec 100+ agriculteurs partenaires.

b) Prix du GEF et consolidation (C+216)

En 2022, lors de la 7ᵉ Assemblée du Fonds pour l’environnement mondial (GEF), CAPTE reçoit une distinction dans le cadre de l’Inclusive GEF Assembly Challenge Program. Ce levier permet de lancer C+216, dans la continuité de CO1 et C6/Cx6, tout en consolidant les acquis, renforçant les capacités et élargissant le périmètre d’intervention conformément au Standard SfN.
Cette trajectoire confère à CAPTE un ancrage méthodologique solide (outils d’évaluation, gouvernance multi-acteurs, capitalisation), un label de qualité reconnu (UICN-Med), et une ouverture accrue vers des financements et alliances à long terme.

4) Conclusion : appel à l’appropriation collective des SfN

De concept discuté en 2009 à la reconnaissance politique par l’UICN (2016) puis l’UNEA (2022), les Solutions fondées sur la Nature sont désormais un levier indispensable pour atteindre les ODD, renforcer la résilience des territoires et assurer un avenir viable. Elles irriguent les politiques climatiques, les projets territoriaux et des thématiques spécifiques comme NbS for peace, NbS for climate ou NbS for cities.

Appel à l’action

• OSC, ONG et institutions tunisiennes : intégrer les SfN dès la conception des projets et dans les stratégies de développement. 
• Décideurs publics : inscrire les SfN dans les politiques locales et nationales (climat, biodiversité, aménagement, eau). 
• Bailleurs de fonds : soutenir des initiatives alignées sur le Standard UICN (8 critères, 28 indicateurs). 
• Acteurs associatifs : s’approprier les outils et principes SfN pour démultiplier l’impact. 
• Jeunes & étudiants : se former et s’engager dans cette transition écologique.

  
  Les SfN sont à la fois une vision, une méthode et un engagement concret pour bâtir des territoires plus justes, durables et résilients.

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