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Dessine moi une trogne…

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Le Jeudi 12 mars 2020 a eu lieu dans la vallée du Jabron (département des Alpes de Haute Provence), la dernière session d’une formation qui a parcouru la France : « Les trognes, l’arbre paysan aux mille usages ». Animée par Dominique Mansion, et en partenariat avec AgriBio 04, une quinzaine de participants, agriculteurs, techniciens, praticiens et curieux, a ainsi profité du partage des gestes et des savoirs et d’une belle journée ensoleillée.

Dédicace du livre ” Les trognes L’arbre paysans aux milles usages” Editions Ouest France
D. Mansion

Dans le cadre de « 2020 Année des Trognes », l’Association Française d’Agroforesterie et Gaïa Formation proposent une série de « formations mixtes digitales », ces formations présentent certains aspects théoriques en amont des journées pratiques et permettent aux stagiaires d’avoir davantage de temps avec leur formateur pour le travail de terrain…

Trognes de mûrier blanc partiellement taillée

Trognes de CAPTE

 Le Collectif CAPTE, dont les racines sont aussi rurales et bas-alpines, a une affinité particulière pour ces arbres, noueux et parfois solitaires, qui ponctuent nos paysages mais qui souffrent d’être mal connus.

Capte plante donc des mûriers blancs qui sont destinés à être taillés plus tard en trogne, notamment dans son premier projet en partenariat avec l’entreprise Lou Bio et le Gaec de la Margotte, et propose aussi aux particuliers de s’engager avec ces arbres et avec nous via :

 www.jeplanteunarbre.fr

Mansion comme à la maison 

Amateur de punch-lines et héritiers de gestes et de savoirs, comme le rappelle le son métallique de la serpe crochetée de sa ceinture, Dominique Mansion a aussi la passion de la transmission. Auteur, dessinateur, il est l’auteur des dessins des trois tomes de la Flore forestière française, illustrateur, sculpteur il a reçu une formation aux Beaux-Arts de Tours. Il travaille pour l’édition depuis plus de vingt ans tout en poursuivant son engagement bénévole pour la nature et la création artistique.

En 1999 et 2000, son « Jardin des trognes » se fait remarquer au Festival international de Chaumont-sur-Loire. Depuis, ses recherches sur les trognes constituent une documentation unique sur le sujet. En 2006, il organise avec la Maison Botanique de Boursay (Loir-et-Cher) le premier colloque européen sur les trognes. Devenue Centre européen des trognes, la Maison Botanique conduit des actions multiples autour de ce sujet.

Faire une trogne c’est s’engager avec un arbre 

La trogne c’est finalement un « taillis sur tronc », c’est-à-dire la pratique de tailler un arbre en hauteur, pour en récolter plus aisément les fruits, les repousses ou la production en fourrage comme se pratiquait autrefois la « ramée ». Tous les arbres ne sont pas trognables et certaines essences s’y prêtent plus que d’autres comme par exemple :  les saules, les peupliers, les frênes, les chênes, les mûriers, les tilleuls, les aulnes, les ormes, les platanes, les micocouliers, les eucalyptus voire même les oliviers ou les pins sylvestres.

Recépage aérien de vieille trogne abandonnée

Usines à fagots, arches de biodiversité et working trees …

Les paysans du monde ont su depuis des millénaires apprivoiser ces arbres plus productifs et plus résistants, et profiter de leurs récoltes dont les usages sont multiples : production de fagots, réserve de fourrages verts, production de plaquette forestière ou de litière en BRF (bois raméal fragmenté), utilisations multiples des perches… Nos voisins britanniques les appelle à raison les « working trees » ; des arbres utiles, résilients, champêtres, de plein vent, adaptés aux besoins locaux : la quintessence de l’arbre agroforestier, en somme !

Sériciculture et arbre du futur

   Dans les années 1880, le département des Alpes de Haute Provence représentaient 15 % de la production nationale des vers à soie, c’est pour cela que l’on rencontre encore souvent des mûriers trognes dans nos paysages, et que de nombreux lieu-dits portent le nom de « magnagneries ». Au 17e siècle, plus de 5 millions de mûriers furent ainsi plantés dans les campagnes pour développer l’industrie du vers à soie, sous l’impulsion de personnages comme Olivier de Serres ou Colbert.

 Et si demain, sans tomber dans le piège de la monoculture ou de la course aux chiffres, ces arbres têtards reprenaient toute leur place dans les agrosystèmes, en alliant la logique de l’économie circulaire, de l’adaptation aux changements climatiques et des esquisses renouvelées de paysages reposant sur le génie de l’arbre ?

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